Cette période est placée sous le signe de la turbulence, mais c’est également une époque de croissance importante pour la communauté juive de Montréal. Israël fait face à deux crises existentielles en 1967 et en 1973. Au moment de son émergence en tant que grande puissance du Moyen-Orient, le pays affronte une hostilité croissante sur la scène internationale. De par le monde, les communautés juives se rallient pour manifester leur soutien à Israël. Au niveau local, le Québec est en pleine Révolution tranquille, une période de grands bouleversements entre autres marquée par la sécularisation sociale et politique de la province. En 1967, des millions de visiteurs se donnent rendez-vous à Montréal pour l’Exposition internationale, où le pavillon du judaïsme, le premier du genre depuis l’Exposition universelle de Chicago en 1933, éduque des centaines de milliers de visiteurs. La tenue des Jeux olympiques et l’élection du Parti québécois feront de l’année 1976 une époque charnière dans l’histoire du Québec. L’accession au pouvoir de René Lévesque propulse le nationalisme québécois au centre de la scène politique provinciale, ce qui incite des dizaines de milliers d’anglophones, incluant de nombreux Juifs, à quitter le Québec pour une autre province canadienne.
La culture juive bénéficie d’un regain d’énergie considérable en 1972, quand les enfants de Saidye Bronfman lui dédient un centre d’art. Cette même année, la Maison Cummings ouvre ses portes grâce au généreux soutien de Nathan et Maxwell Cummings. L’édifice devient le siège des Services communautaires juifs et de sa famille d’agences avant de s’imposer comme le centre du campus communautaire juif. En 1975, l’Appel juif unifié élève l’éducation juive au rang de ses principales priorités, et soutient la création du Conseil de l’éducation juive de Montréal.